L’Église
L’église de L’Assomption de la Vierge a été bâtie en 1541 c’est à dire à la fin de la Renaissance. Pourtant, son architecture est sobre: peu élevée, avec un plan rectangulaire, des arches et des ouvertures arrondies, de solides piliers carrés, elle évoque davantage la simplicité romane. Sa façade au fronton à courbures et aux ouvertures symétriques est cependant typique de la Renaissance. Bien que construite en trois étapes sur une durée de plus de cent ans, ses bâtisseurs ont su lui garder une belle harmonie.
Cette simplicité de forme contraste avec son mobilier intérieur, riche et abondant. De sa construction jusqu’au 20ème siècle, elle ne cesse d’enrichir son décor. Autels en marqueterie de marbre, retables aux encadrements dorés extrêmement travaillés, tableaux, statuaire et vitraux lui donnent son caractère précieux. Plusieurs d’entre eux proviennent de la Chartreuse de Montrieux, lorsque les moines durent quitter l’abbaye. La plupart de ces ornements sont classés ou inscrits au Patrimoine.
Accolé au chevet, le clocher a été érigé entre 10 et 30 ans après la construction de l’église -on ne le sait pas exactement- puis entièrement rebâti en 1615. Carré, il s’élève à 27 mètres environ, et possède une particularité qui le rend unique: le clocheton de pierre qui le surmonte et abrite la cloche des heures. En effet, on n’en trouve pas de semblable dans la région, où abondent les campaniles en fer forgé. Constitué d’un dôme soutenu par huit arches à colonnes, il est parfaitement rond et posé sur une estrade de pierre elle aussi circulaire.
Aujourd’hui l’église souffre de problèmes liés à l’humidité. L’escalier du clocher menace de s’effondrer et sa couverture se fissure. L’ensemble a besoin d’être restauré. C’est dans ce but que notre association a engagé les démarches pour faire inscrire le bâtiment aux Monuments Historiques.
La Chartreuse de Montrieux
Posée dans un écrin de verdure, la chartreuse de Montrieux a été fondée au XIe siècle, très précisément entre juillet 1136 et février 1137 (1).
Un demi-siècle après la création de l’ordre des chartreux par Saint Bruno en 1084 aux alentours de Grenoble, un groupe d’hommes s’installe à proximité du Gapeau, dans un lieu qu’on appelle aujourd’hui Montrieux le Vieux (2). Mais dès la fin du XIIe siècle, les moines s’établissent définitivement, deux kilomètres plus haut, sur le site de l’actuelle chartreuse, plus ensoleillé et plus isolé. Baptisé par analogie « Montrieux le Jeune », le monastère culmine à près de 300 mètres d’altitude.
La chartreuse de Montrieux est actuellement occupée par une quinzaine de moines. Mais, en près de 900 ans d’histoire, le monastère a été parfois abandonné. La Révolution française oblige d’abord les religieux à un premier exil en 1793. Revenus en 1843, ils sont de nouveau victimes des soubresauts politiques de la IIIe République au début du XXe siècle. En effet, ils quittent leur ermitage en 1901 et n’y reviennent qu’en 1927. Ces abandons successifs, auxquels il faut ajouter plusieurs pillages et incendies, ont nécessité plusieurs reconstructions et restaurations.
Ainsi, si le plan du monastère est le même depuis 1685, les bâtiments actuels sont essentiellement nés de la reconstruction entamée en 1843 sous l’égide de Dom Etienne Franchet. En effet, c’est à lui que l’on doit la façade de style médiéval avec sa porterie à tourelles.
Derrière ses murs, la Cour d’honneur, marquée par l’influence du style Grand siècle, a été bâtie en 1635 alors que les colonnes ioniques ont été ajoutées au XIXe siècle par un successeur de Dom Franchet !
Dès lors, il est difficile à Montrieux de déceler une uniformité architecturale. Les modifications apportées au XIXe siècle sautent aux yeux et dominent également l’architecture des cellules et du grand cloître. Ce dernier est néanmoins riche de plusieurs détails du XVIIe siècle, qui dominent par ailleurs la structure du réfectoire et celle du petit cloître. En effet, avec ses nombreuses voûtes d’arêtes à voussoirs en V, le réfectoire semble uniformément dater du Grand siècle. Par ailleurs, les travaux effectués il y a une dizaine d’années dans la chapelle des reliques ont révélé plusieurs décors XVIIe derrière des peintures plus récentes. Mais l’on retrouve aussi dans l’église conventuelle du mobilier du XVIIIe à l’instar de la chaire marmoréenne (3) du prêtre, réalisée par le Marseillais Dominique Fossati.
Le monastère est donc toujours debout. Mais le poids des ans laisse apparaître fissures par-ci, fuites par-là, et l’usure du temps un peu partout. C’est ce patrimoine architectural, culturel et religieux en péril que l’association des Amis de la Chartreuse de Montrieux s’efforce de sauvegarder.
Car ces pierres sont toujours vivantes ! Depuis 1927, les moines ont repris à Montrieux leur mode de vie ascétique fondé sur la prière, le travail et la lecture. A ces caractéristiques monacales classiques s’ajoutent les spécificités cartusiennes (4) : le silence et l’isolement.
En effet, chaque moine chartreux vit dans une studette individuelle appelée cellule et ne retrouve ses semblables que pour certaines prières dans l’église du monastère : la messe conventuelle à 8h, les vêpres à 16h et les matines à minuit !
Par ailleurs, les chartreux ne peuvent sortir de leur monastère qu’une fois par semaine lors du « spaciement ». Vous ne pourrez donc croiser l’habit blanc des chartreux que les lundis aux alentours de Montrieux . Le monastère est interdit au public. Seule la chapelle Sainte-Roseline est ouverte à tous, lors des messes du dimanche.
1. Voir Raymond Boyer, La chartreuse de Montrieux aux XIIe et XIIIe siècles, Jeanne Lafitte, Marseille, 1980, tome I, p. 164.
2. Aujourd’hui, le site est une propriété privée. Mais on y trouve encore des traces de l’occupation monacale avec l’ancienne église Saint Jean-Baptiste dont on reconnaît encore le « vaisseau à nef unique, voûtée en berceau légèrement brisé, avec abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four » (BOYER Raymond et THIR Karl, Les chartreuses de Montrieux et de La Verne, Analecta Cartusiana, Ed. James Hogg, Salzbourg, 1985, p.27).
3. Marmoréen signifie “qui a l’aspect du marbre” ou “qui est fait de marbre”.
4. L’adjectif « cartusien, ne » se rapporte à la chartreuse et aux chartreux.
Nota Bene. Cette présentation s’appuie essentiellement sur l’ouvrage suivant : David Latour et Michel Callamand, La Chartreuse de Montrieux, Association des Amis de la Chartreuse de Montrieux, Sira, 2013.